M’aventurant chaque jour un peu plus loin autour de mon logis, je suis parvenue, au moins à 800 mètres, devant ce qui est certainement LA chocolaterie de l’île.

Aussi surprenante par son insolente existence dans ce village minuscule que par sa fière ouverture en cette morte saison.

Les ruraux crétois dans leur apparente rudesse seraient-ils de bons clients pour la douceur ?

Dans un décor de fast food, inox et couleurs d’anis et d’amande, reposent les trésors de Charlie.

Des plateaux de merveilles au chocolat blanc, noir, caramel ou doré.

Des fleurs de sucre précieuses sur des tartes au cacao fondant.

Des piles de biscuits, galettes et autres macarons d’où montent tous les parfums des céréales oubliées – de celles que Monsanto aimerait tellement voir disparaître.

Des baklavas ruisselant de miel, de pistaches concassées et de cheveux d’ange sirupeux qui me rappellent que je suis déjà en Orient malgré les prix affichés en evros.

Trop bien placée à mi-chemin de l’Europe et de l’Asie et même de l’Afrique, la Crète n’est pas seulement la fille de Zeus et de Minos comme j’ai tendance à le penser.

Elle est toujours imprégnée de siècles d’occupation byzantine, arabe, ottomane, entre autres.

Pourtant peu connue pour être « bec sucré », je décide alors d’honorer l’âme orientale de l’île en m’immergeant dans la douceur de saliver.

Et tandis que je me ré- « oriente » dans ce palais de Dame Tartine, un jeune homme freine et sort de sa voiture pour juste cueillir une rose hivernale dans un des bacs de la terrasse et l’offrir à sa passagère avant de repartir.

Le mot du jour, glykos, que de la douceur, vous dis-je !

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