Les Fondouks de Djerba

Publié le jeudi 18 février 2016 lu 82827 fois

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 Par Mehdi LOUATI

Très jeune,  j’étais émerveillé par les dires de certains que l’île de Djerba et Paris avaient sensiblement la même dimension spatiale. Sa capitale Houmt Souk a démarré doucement pour gagner de l’ampleur grâce à ses Fondouks.

Les Fondouks (caravansérails) sont de somptueux monuments historiques. Ces derniers régnaient la méditerranée (au  Maroc, Caire, Tunisie, Damas…). Cette chaine connaissait des flux commerciaux importants au 18ème siècle.

 

L’activité essentielle était commerciale pour ceux qui passent par l’île afin de leur assurer le logement à l’étage de cet immeuble. Il y avait également le rez-de-chaussée qui contenait des pièces où sont déposées les marchandises. En effet, la cour est entourée d’arcades comme à l’étage.

Une promenade dans les ruelles de Houmt Souk fait souvent rêver, tous ces grands bâtiments carrés, dispersés et entourés de contres-fort sont nommés des « fondouks ». A son tour, la mosquée Turque avec son minaret rond  hanafite, caresse et câline simultanément dans ce paysage urbain, Fondouk Hôtel Marhala et Fondouk Jomni qui revient à Sidi Brahim Jomni d’où vient son appellation (1673).

 

A un certain moment ces monuments hébergeaient les maltais qui ont fondé à leur tour l’église de culte catholique Saint-Joseph au centre ville en 1848 sous le commandement de Gaetano Maria de Ferrare, de même, la culture maltaise a laissé une empreinte chez les insulaires.

 Autrefois, Djerba connaissait 25 fondouks dressés près des souks, aujourd’hui il n’en reste que 9 disant solides, 6 ont totalement disparu en donnant du terrain à des parkings ou aux autres bâtiments. Fondouk Ben Ghorbel résiste et persiste et d’ailleurs le seul qui a gardé son état initial.

 

Il s’avère de ce qui précède que les fondouks reflètent une richesse patrimoniale ornée par une architecture traditionnelle, ces bâtiments souffrent de la désolation qu'entraînent certaines constructions, une dénaturation qui rend malheureux ces espaces symboliques. L’architecture offre à cet effet un exemple de choix avec des bâtiments parfois intrus et hors du cadre spatial pertinent.

L'homme, à l’instar de tout être, ne peut se comprendre et comprendre le présent sans une connaissance préalable de son passé. De ses expériences acquises et de son vécu quotidien, il deviendra petit à petit à même de juger la  bonne disposition du présent et de planifier  l'avenir en s’inspirant des repères déjà maîtrisés du passé.

Cela pourra peut être se révéler au grand jour si l’on s’inspire de l’architecture typique qui se manifeste sans ambiguïté aucune sur cette modernité sourde et dégarnie de tout élément culturel.