Crash AF 447 : un autre vol Air France était à 3 noeuds du décrochage
Publié le mardi 06 septembre 2011 lu 473 fois
Un vol Air France entre Paris et Caracas cet été aurait subi un incident similaire à celui du vol AF 447 Rio Paris, qui s'est crashé en juin 2009. Jean Belotti ancien commandant de bord et spécialiste de la sécurité aérien, revient sur cet évènement.

Jean Belotti : En ce sens que cet avion, comme celui de l’AF 447, après une forte augmentation de son assiette, est passé en moins d’une minute de 35.000 à 38.000 pieds. (lire)
TourMaG.com - Pourquoi, cette fois, l’avion n’a-t-il pas décroché ?
JB : Simplement parce que la diminution de l'intensité des turbulences a été accompagnée d'une réduction de l'assiette de l'avion, avec retour à des paramètres de vols normaux, l’avion étant à 3 nœuds de la vitesse de décrochage.
Alors que sur les anciens avions classiques, l’avion décrochait dès qu’il passait sous une certaine vitesse minimum, on notera, ici, que l’avion est resté dans son domaine de vol, bien qu’ayant évolué à une vitesse inférieure de 70 nœuds à celle minimale d'évolution recommandée.
JB : Le domaine de vol aux altitudes de croisière des avions de ligne est très étroit. Les limites sont indiquées sur le tableau de bord et tout dépassement déclenche une alarme sonore.
Pour éviter le dépassement de la vitesse maximum autorisée, deux solutions : réduire la poussée des réacteurs ou tirer sur le manche pour réduire la vitesse.
Les changements d’altitude sont exceptionnels, car d’autres avions peuvent se trouver dans les voies aériennes plus hautes et plus basses.
Ils ne sont effectués que dans le cas où les actions sur la poussée des réacteurs seraient insuffisantes pour maintenir l’avion dans son domaine de vol.
Tous les pilotes, au cours de leur carrière, ont, lors de la traversée de fortes turbulences, été amené, à augmenter puis réduire les gaz, plusieurs fois de suite, en fonction de l’évolution des gradients, et cela quelquefois pendant plusieurs minutes, tout en conservant leur altitude.
JB : L’anémomètre (ou badin) est un manomètre qui donne la vitesse d'un aéronef par rapport à l'air.
Pour ce faire, il détermine la “pression dynamique” (qui est égale à la différence entre la pression totale et la pression statique) ce qui donne la vitesse indiquée (IAS : "Indicated Air Speed") ou, plus précisément, la vitesse vraie (TAS : “True Airsped”, après quelques corrections).
La connaissance de cette vitesse est indispensable pour conserver l'aéronef dans son domaine de vol, c’est-à-dire entre une vitesse minimale, en dessous de laquelle l’avion ne vole plus et une vitesse maximale à ne pas dépasser.
Il est essentiel de retenir que cette pression dynamique est fonction de la vitesse de l'avion par rapport à l'air ambiant.
Or, étant donné qu’en prenant de l’altitude, la pression atmosphérique diminue - donc la densité de l’air également - il en résulte que la vitesse propre de l’avion est supérieure à la vitesse indiquée lue par le pilote.
Le machmètre, quant à lui, est l'instrument qui mesure la vitesse du son. Son unité de mesure est le Mach. Mach 1 équivaut à la vitesse du son. Dépasser Mach 1 (c'est-à-dire franchir le “mur du son”) peut engendrer des phénomènes vibratoires et aérodynamiques dangereux pour l'appareil.
Il importe donc que le pilote sache précisément quand aura lieu ce franchissement. Or, la vitesse du son n’est pas constante.
Elle varie en fonction de la température, donc de l’altitude.
JB : En fait, il ne s’agit pas de décrochage, mais d’un phénomène de compressibilité. À partir d’une vitesse à ne pas dépasser, l'écoulement de l’air devient supersonique sur l'extrados.
Sans plus de détails, disons que les gouvernes perdent leur efficacité, d'où cette sensation d'inversion des commandes ressenties par les pilotes de chasse de la guerre 39/45.
“On chevauche alors un cheval fougueux” nous dit un ancien pilote militaire de cette époque. Il peut en résulter des détériorations de la structure de l’avion.
TourMaG.com - On ne dit pas quel a été le fait déclencheur de cet incident qui aurait pu également se terminer par un drame ?
JB : D’après les informations citées, le facteur pivot ne serait donc pas une panne des sondes, mais d’un fort gradient de vent (+22 nœuds de vent effectif en 5 secondes), avec une vitesse atteignant Mach 0.88 (le Mach maximum autorisé étant de 0.86), suivi du déclenchement de l'alarme de survitesse.
Dans le cas où cela serait confirmé, la preuve serait administrée que la précipitation et une mauvaise conseillère, puisque toutes les accusations portées sur le fonctionnement des sondes comme étant à l’origine de l’accident deviendraient alors non fondées.
JB : Le BEA n’ayant pas vocation pour utiliser le qualificatif de “responsabilité”, il a, conformément à sa mission, décrit les faits et les comportements de l’équipage.
En revanche, ce sont les experts judiciaires qui, après prise en compte de tous les événements du dossier - dont l’existence de cet incident survenu avant le vol AF447 - présenteront les responsabilités techniques éventuelles qui seront prises en compte par la justice pour dire le droit.
TourMaG.com - Ce nouvel épisode va relancer encore une fois le débat entre Airbus et Air France sur les responsabilités, qu’en pensez-vous ?
JB : À la suite de tout accident, tout élément nouveau est systématiquement pris en compte, non seulement par les institutions, sociétés et associations concernées, mais également par les médias.
Cela étant dit, force est de reconnaître qu’il est tout à fait anormal qu’un avion, parce qu’il vient de subir un fort gradient de vent, dépasse la vitesse maximum autorisée et, son pilote automatique s’étant débrayé, prenne un taux de montée 5.000 pieds/minutes, passant de 35.000 à 38.000 pieds en moins d’une minute !
Pour le moment impossible de conclure. Les parties concernées présenteront leurs commentaires et laissons les enquêteurs et experts diligenter leurs travaux, dans le calme et la sérénité.
A lire : AF 447 Rio Paris : un scénario similaire s'est produit sur un autre vol Air France
source: TourMag
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