La balade à Aghios Stéfanos m’a un peu éloignée de la mer.

Il est difficile de se déprendre du charme profond des villages de montagne de cette île.

La malice des regards, l’harmonie des couleurs soulignée de chaux blanche, la rusticité élégante d’un habitat qui épouse chaque espace utilisable sans renoncer à la vue sur des panoramas intacts depuis l’Antiquité, le temps qui s’écoule sans heurts et la sincérité de l’accueil, tout m’enchante en Crète intérieure.

Tout ce qu’on ne retrouve guère sur les côtes… Sauf peut-être…

Une improbable taverne entre la route et la mer, dans l’arrière-cour d’une maison blanche et bleue, bien sûr.

Aucune pancarte, aucun néon ne l’annonce.

Sous les canisses décorées de calebasses peintes et de géraniums hivernaux, Kiria Athina, déesse de la sagesse de ces temps modernes, offre ses chaises dépareillées à quelques chalands.

Ils sont anglais ou hollandais là aussi, mais de ceux qui ont fait l’effort d’apprendre la langue.

Ils ne déparent pas le décor.

Ils sont grecs depuis plus de vingt ans et en ont adopté tous les rythmes.

Peu après Pâques, la fille de Kiria Athina viendra faire la cuisine et proposera ses plats du jour aux touristes.

Mais l’heure est à la froidure et il n’y a pas de visiteurs.

Alors entre anciens et nouveaux Grecs, on partage le fromage et les chips, et on discourt pendant des heures sur les décisions des politiciens locaux.

"Ils font n’importe quoi mais c’est à cause de l’Europe ! Avant, on était tranquille."

L’ombre de la Merkozy plane jusqu’ici.

Le mot du jour, to chani, le gîte, le havre, et le nom de la taverne de Kiria Athina.

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