Je fais une cure de retsina, c’est entendu. Mais ce vin parfumé, tout de même moins dangereux que le raki, n’endort pas suffisamment mes sens pour me rendre imperméable aux soucis des Crétois d’ici.

Leur sujet de préoccupation majeure en cet hiver rigoureux est politique. Au sens exact du terme.

Depuis quelques semaines, le village est coupé en deux. Humainement et administrativement. Ses édiles devaient répondre aux injonctions européennes : « Trop de districts, trop petits, trop coûteux ! Regroupez-vous ! »

Se regrouper oui, mais… Avec qui ? A l’ouest, Iérapetra n’est qu’à vingt minutes de route. Sitia est à trois-quarts d’heure au nord, mais plus accessible depuis les villages de montagne dont la population est originelle et où elle a encore ses habitudes.

Chacun prêchant pour sa chapelle, ils n’ont pas pu se mettre d’accord.

Le Pouvoir a tranché. La moitié ouest du village rendra des comptes à Iérapetra. L’autre moitié paiera ses impôts à Sitia.

J’oublie un gros détail. C’est de ce  dernier côté que réside « l’énorme » gisement de taxes de séjour que constituent les deux gros all inclusive scandinaves.

Manne touristique estivale qui va donc échapper définitivement aux élus locaux.

Qui, de toutes manières et de l’avis général, n’en ont jamais fait grand-chose d’autre que s’en mettre une grosse partie dans les poches.

Le mot du jour, Evropi, car ainsi va l’Europe à la sauce locale.

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