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Une chaire extrêmement précieuse, la plus ancienne du monde musulman

Publié le lundi 22 août 2016 lu 15237 fois
Une chaire extrêmement précieuse, la plus ancienne du monde musulman

Une chaire extrêmement précieuse, la plus ancienne du monde musulman

Par Mohamed Khaled Hizem

 

S’il existe en Occident des chefs-d’œuvre d’ébénisterie, à l’instar des stalles, datées du premier quart du XVIe siècle, de la superbe cathédrale Notre-Dame d'Amiens (en Picardie, France), la majestueuse Grande Mosquée de Kairouan, la doyenne des mosquées de Tunisie et de l'ensemble du Maghreb, située à environ 130 kilomètres à vol d’oiseau au sud de Tunis, abrite également un joyau de l'art du bois, illustré par son minbar du IXe siècle.

Ce dernier est l’une des plus splendides œuvres d’art qui remontent au règne des Aghlabides (800-909). Celle-ci fut une puissante dynastie arabe, vassale du calife abbasside, ayant dominé l’actuelle Tunisie, où se trouvaient leurs capitales (Kairouan, El-Abbassia et Raqqada), l’Est algérien, la Tripolitaine, ainsi que la Sicile et une partie du sud de l’Italie qui furent conquises au cours de la seconde moitié du IXe siècle.


Datée avec précision de 862 de notre ère, réalisée sous le règne du prince Abou Ibrahim Ahmad (856-863), cette chaire à prêcher, en forme d'escalier, comportant un siège supérieur, est incontestablement le plus ancien minbar du monde musulman qui nous soit parvenu. Elle est localisée, au fond de la salle de prière, à droite du mihrab, et sert à l’imam pour prononcer son sermon lors de la grande prière hebdomadaire du vendredi.

 

Constituée d'un assemblage de plus de trois cents pièces, entièrement sculptées d'une remarquable variété de motifs tant géométriques que floraux, son ornementation illustre divers apports; est essentiellement d'inspiration abbasside et omeyyade, mais trahit également des influences byzantines.



Gros plan sur un panneau à décor végétal. En forme de niche feinte, il est garni d'enroulements symétriques,
renfermant soit des fleurons à cinq lobes, soit des paires de fleurons à trois lobes. (crédit photo : Issam Barhoumi)

 

Mesurant 3,93 mètres de longueur sur un mètre de largeur, et 3,31 mètres de hauteur, cette chaire compte parmi ses pièces en bois, toutes assemblées à l’aide de tenons et de mortaises, quatre-vingt-dix panneaux rectangulaires, aux décors variés, magnifiquement sculptés de pommes de pin, de tiges minces et souples, de feuilles de vigne et d’acanthe, de fleurons, de fruits lancéolés, de grappes piriformes, et de diverses formes géométriques simples, comme les cercles, les losanges, les hexagones, etc., ou plus complexes à l’instar des entrelacs, des rosaces, des étoiles, etc.


Dans cette ornementation, finement ciselée, les motifs géométriques l’emportent sur les motifs végétaux. Les bras et le dossier du siège, la rampe, les contremarches, ainsi qu’une grande partie des deux joues latérales sont couverts de motifs géométriques, tandis que les ornements végétaux garnissent, principalement, les montants et les traverses reliant les panneaux, de même que onze panneaux répartis sur les joues de la manière suivante : dix d’un côté, mais un seul de l’autre. La bordure supérieure de la rampe est agrémentée d’un riche décor végétal qui comprend des rinceaux enroulés en boucles alternées ; chaque boucle enveloppe une feuille de vigne étalée accompagnée d’une grappe de raisin pendante.


Gros plan sur un panneau finement sculpté, orné d'entrelacs géométriques. (crédit photo : Issam Barhoumi)


Bien que la plupart des panneaux sont soit exclusivement à décor géométrique, soit à décor floral et végétal, il existe, en plus de ces deux catégories, des panneaux à décor mixte. Ces derniers sont à registres, à réseaux et en forme de niches à fond plat. Après plus de onze siècles d’usage, le minbar de la Grande Mosquée de Kairouan est relativement bien conservé. Entre 1907 et 1908, il a fait l’objet d’une restauration ayant remplacé quelques-uns de ses panneaux les plus abîmés. Cependant, la très grande majorité de ces derniers sont pratiquement intactes. À son sujet, l'historien et sociologue franco-tunisien, Paul Sebag, écrivait ceci, dans son ouvrage dédié à la Grande Mosquée de Kairouan (éd. Delpire, 1963) : « la lumière discrète dans laquelle baigne la salle de prière s'accroche aux reliefs, accuse les ajours et ajoute à la splendeur de ce vénérable chef-d’œuvre ».

 

Cette précieuse œuvre d’art témoigne de la virtuosité des artisans spécialisés dans la sculpture sur bois durant le haut Moyen Âge abbasside,
 

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