Le Ribat de Sousse, un joyau de l’architecture militaire tunisienne du haut Moyen Âge
Publié le vendredi 09 septembre 2016 lu 40829 foisPar Mohamed Khaled Hizem
L’architecture militaire médiévale, en Tunisie, trouve sa meilleure illustration entre le VIIIe et le IXe siècle de notre ère. La conquête arabo-musulmane du Maghreb s’est accompagnée, dans la seconde moitié du VIIIe siècle, par la construction de forteresses, destinées à défendre les côtes contre les attaques de la flotte byzantine.
Vue partielle de l'extérieur du Ribat de Sousse,
remarquable monument des VIIIe-IXe siècles.
Outre la tour vigie, l'élément le plus imposant
consiste dans l'imposant porche d'entrée. (crédit photo : Fehmi Bouguezzi)
C’est au règne de la dynastie des Aghlabides (800-909), vassale du califat abbasside, que l’on doit l’édification et la rénovation d’un nombre considérable de murailles et de Ribats. Ces derniers, élevés près des rivages, sont des ouvrages militaires abritant des « moines-soldats » (lMourabitoun), se consacrant à la prière et à la défense de ces bastions stratégiques.
La ville de Sousse, située à 143 kilomètres au sud-est de Tunis, abrite un splendide témoignage d’un Ribat du haut Moyen Âge. Contrairement au majestueux Ribat de Monastir, dont le noyau initial (VIIIe siècle) fut notablement agrandi du Xe jusqu’au XVIIIe siècle, celui de Sousse conserve un aspect qui n’est guère postérieur au IXe siècle. Fondé pendant le dernier quart du VIIIe siècle, il fut remanié en 821 sous le règne du troisième monarque aghlabide, Ziyadet Allah Ier (817-838), qui le dota d’une monumentale tour-vigie.
Situé à l’une des extrémités de la médina de Sousse, classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1988, il présente extérieurement une belle architecture en pierres de taille, soigneusement appareillées. D’un plan presque carré, faisant 37,7 sur 38,8 mètres, ses murs épais, couronnés de merlons arrondis percés de meurtrières, atteignent une hauteur d’environ dix mètres. L’enceinte est pourvue de trois tours d’angles rondes, de trois tours semi-circulaires, au milieu des courtines septentrionale, occidentale et orientale, et d’une tour-vigie. Celle-ci, de forme cylindrique, élevée sur une base carrée, culmine à vingt-sept mètres.
L’entrée imposante du Ribat, aménagée au milieu de sa façade méridionale, est constituée d’un porche rectangulaire dont l’arcade, de type plein cintre outrepassé, est aussi haute qu’étroite. L’arc repose sur deux colonnes de remploi à chapiteaux corinthiens. Celles-ci ont des fûts différents ; l’un est cannelé en marbre blanc, l’autre lisse en granite gris. Le porche est surmonté d’une pièce, coiffée d’une coupole sur trompes. Cette petite salle abrite un système défensif, composé de mâchicoulis et d’assommoirs qui servent aux défenseurs à jeter des projectiles.
Ce dispositif, développé aux IXe et Xe siècles au Proche-Orient et en Ifriqiya (centrée sur l’actuelle Tunisie), est antérieur à ceux des châteaux forts en Europe, qui n’adopteront ce système qu’après le début des croisades, commencées en 1095.
Vue de la cour intérieure du Ribat depuis le sommet de la tour-vigie.
Comportant deux niveaux, l'étage abrite les cellules réservées aux « moines-soldats », ainsi qu'une salle de prière. (crédit photo : Slim Alileche)
Le porche ouvre sur un vestibule voûté, formé de trois parties. Scandé de colonnes en marbre et en granite, il mène à une cour à deux niveaux. Cette dernière est encadrée, au premier niveau, sur les quatre côtés, de portiques à arcades en plein cintre et brisées. Plaqués contre le portique sud, deux escaliers conduisent au premier étage. Celui-ci est occupé par de petites cellules d’habitation, de 3,6 mètres de longueur sur 2,5 mètres de largeur, ainsi que par une salle de prière ayant le plan d’un rectangle très allongé. Divisé en deux travées et en onze nefs, peu profondes, perpendiculaires au mur de la qibla, l’oratoire est rythmé d’arcs surbaissés, supportés par des piliers massifs.
Perspective d'arcades, bien appareillées, à l'intérieur de l'un des portiques de la cour. (crédit photo : Issam Barhoumi)
Dans cet espace, à l’aspect très austère, le seul élément décoratif consiste dans le mihrab, niche orientée suivant la direction de La Mecque. Ce mihrab, au contour semi-circulaire, présente un arc en plein cintre, soutenu de deux colonnes en marbre blanc. Le lieu de culte du Ribat de Sousse revêt une importance majeure, car il compte parmi les plus anciennes salles de prière de l’Occident musulman, qui nous soient parvenues dans son état primitif.
Après avoir joué un rôle militaire durant plusieurs siècles, le Ribat de Sousse fut converti en collège religieux en 1722. Au cours de la seconde guerre mondiale, il subit des dommages dus au bombardement de la ville en 1942-1943. Remarquablement restauré par la suite, il est de nos jours un monument incontournable ; les visiteurs pouvant le visiter dans sa totalité, y compris sa salle de prière qui n’est plus vouée au culte depuis longtemps.
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