La splendide façade d’un mausolée de la médina de Tunis…

Publié le vendredi 21 octobre 2016 lu 16857 fois

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Par Mohamed Khaled Hizem

 

Dans la Régence de Tunis, le XVIIe siècle, qui connut à la fois la domination des Deys, commandants militaires élus par l’assemblée des officiers supérieurs de la milice turque, et celle des monarques de la dynastie des Mouradites, vit l’éclosion d’une architecture raffinée, mêlant les traditions ornementales locales aux influences arabo-andalouses, ottomanes et italianisantes. Si la construction de palais et de lieux de culte fut importante, celle des mausolées ne fut pas moindre.

 

 

 

 

 

Vue partielle de la façade du mausolée mouradite,
donnant sur la cour de la mosquée Hammouda Pacha. (crédit photo : Zied Nsir)

 

Un des plus beaux exemples de l'architecture funéraire de la médina de Tunis, est, indéniablement, le mausolée de Hammouda Pacha, qui borde la rue Sidi Ben Arous. L’édifice abrite la sépulture de Hammouda Pacha (1631-1666), considéré, à juste titre, comme le plus remarquable représentant de la dynastie des Mouradites, ayant régné sur la Tunisie de 1613 à 1702.

Gros plan sur l'arc central de la façade. Son tympan présente une superbe décoration, alliant l'influence italianisante,
représentée par les ornements en marqueterie de marbres, et celle arabo-andalouse, illustrée par une baie ajourée à claustras. (crédit photo : Mohamed Khaled Hizem)

La façade principale du monument, donnant sur la cour intérieure de la mosquée du commanditaire (mosquée Hammouda Pacha, achevée en 1655), est richement revêtue de marbres de diverses couleurs, dont les plus importants sont les marbres noir et blanc. Elle comporte, au milieu, un arc en plein cintre à claveaux bichromes (noir et blanc), qui est soutenu par deux colonnes en marbre rose veiné, coiffées de chapiteaux composites en marbre clair. Le tympan de ce dernier, ainsi que l’encadrement rectangulaire de la porte d’entrée, sont somptueusement ornés d’une marqueterie de marbres polychromes, d’inspiration italianisante, représentant de gracieux rinceaux, des fleurons, des croissants et des volutes. Le tympan mouluré est agrémenté, en son milieu, d’une exquise baie ajourée garnie de claustras. Ces derniers dessinent des motifs géométriques arabo-andalous, illustrés par une belle rosace à seize branches, ainsi que par des entrelacs.

 

Gros plan sur un panneau orné d'arabesques géométriques.
Celles-ci sont réalisées grâce à du marbre noir enchâssé dans le marbre blanc (crédit photo : Zied Nsir)

L'arcade centrale est encadrée, dans sa partie inférieure, de deux panneaux garnis d’arabesques géométriques, figurant des croix entrelacées et des étoiles. Celles-ci sont, soigneusement, exécutées par des incrustations de marbres noir et blanc. Quant à sa partie supérieure, elle est flanquée de deux baies aveugles et géminées, pourvues, chacune, de deux arcs reposant sur une colonnette coiffée d’un chapiteau de style hafside. Les arcs, de type outrepassé légèrement brisé, sont dotés de claveaux bichromes, faisant écho à ceux du grand arc central. Les claveaux noir et blanc firent leur apparition, en Tunisie, durant l’ère de la dynastie des Hafsides, dont le long règne s’étala de 1228 à 1574.

L’harmonie de la composition, le subtil mariage des influences, ainsi que la grande qualité des ornements, font de cette façade un véritable joyau architectural.