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Le palais beylical de Carthage, résidence du dernier monarque tunisien…

Publié le dimanche 22 janvier 2017
Le palais beylical de Carthage, résidence du dernier monarque tunisien…

Le palais beylical de Carthage, résidence du dernier monarque tunisien…

Par Mohamed Khaled Hizem

Situé à Carthage, au numéro 25 de l’avenue de la République, l’ancien palais beylical, actuellement le siège de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beit El Hikma), fut la résidence principale du dernier monarque tunisien, Lamine Bey. Celui-ci, dix-neuvième souverain de la dynastie des Husseinites (1705-1957), régna à partir du 15 mai 1943. Le palais de Carthage, édifice élégant, présente une architecture et des décors datant aussi bien de la seconde moitié du XIXe siècle, que de la première moitié du XXe siècle.


Vue partielle de la façade principale de l'ancien palais
beylical de Carthage. (crédit photo : Céline Rabaud)


Le palais appartenait, à l’origine, au général Ahmed Zarrouk (décédé en mai 1881), ministre de la guerre sous Sadok Bey (1859-1882), qui le fit construire vers 1860. À sa mort, il le légua à son fils, qui confronté à des difficultés financières, le vendit à un riche bourgeois de la communauté juive tunisienne, Choua Bessis, vers 1885. C’est auprès de ce dernier qu’Habib Bey (1922-1929) fit l’acquisition du palais en 1922 pour en faire sa demeure préférée. Au cours de son règne, il agrandit la résidence, ainsi que ses jardins, et apporta des modifications aux décors. Par la suite, son fils Lamine Bey (1943-1957) fit du palais sa demeure officielle lors de son accession au trône, le 15 mai 1943, après la destitution de Moncef Bey (1942-1943).


Lamine Bey poursuivit l’agrandissement et l’embellissement du palais qui demeura sa résidence principale jusqu’à la chute de la monarchie husseinite le 25 juillet 1957 (jour de la proclamation de la république). À proximité de celui-ci, furent construites des villas destinées aux enfants du souverain. Ce palais connut l’un des évènements les plus marquants de l’histoire tunisienne au XXe siècle, car c’est en ce lieu que le chef du gouvernement français, Pierre Mendes France, prononça devant le Bey son “discours de Carthage”, le 31 juillet 1954, au cours duquel il reconnut une totale autonomie interne au pays. Celle-ci constitua le prélude à l’indépendance complète proclamée le 20 mars 1956.

 

 


 

Vue partielle du patio. Outre la marbre blanc de Carrare, composant le dallage, les colonnes et les encadrements,
les arcs, ainsi que la partie supérieure des murs, sont revêtus d'une magnifique dentelle en plâtre sculpté. (crédit photo : Fernando Tricas Garcia)
 


De nos jours l’ancienne résidence beylicale, située tout près de la mer, conserve la quasi-totalité de ses décors d’origine, même si elle fut vidée de son mobilier lors de l’établissement de l’inventaire des biens de la monarchie en 1957-1958. La façade de l’édifice, donnant sur la cour d’honneur, présente une composition harmonieuse. La partie centrale est constituée d’un portail en plein cintre surmonté d’un moucharbieh en bois peint. Ce dernier est couronné d’un fronton garni des armoiries beylicales. Si l’extérieur du bâtiment est d’une simplicité agréable, celui-ci possède des décors intérieurs gracieux, typiques du style husseinite, associant les traditions architecturales et décoratives tunisiennes aux influences andalouses, ottomanes et occidentales, notamment celles de la péninsule italienne.


Parmi les beaux intérieurs du palais, se distingue le patio couvert à deux niveaux, dont la délicieuse ornementation allie plâtre finement ciselé et marbres, en particulier le marbre blanc de Carrare pour lequel les souverains husseinites manifestaient une grande prédilection ; ce matériau ornât plusieurs résidences beylicales aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles.

 



Gros plan sur le couvrement du patio. Il est entièrement revêtu de fines ornementations en plâtre sculpté.
(crédit photo : Zaher Kammoun)

 


Le premier niveau du patio est encadré de quatre portiques à douze colonnes graciles, coiffées de chapiteaux néo-corinthiens, soutenant douze arcs polylobés ; tandis que le second est percé de douze fenêtres rectangulaires, dotées d'encadrements soigneusement sculptés. Outre la riche décoration en plâtre finement ciselé, d’inspiration arabo-andalouse, couvrant tant la partie supérieure des murs, que les arcs et les plafonds, le dallage, les colonnes, la fontaine à trois vasques, ainsi que les encadrements des portes, sont en marbre blanc de Carrare. La salle est surmontée d'une superbe coupole sur trompes, pourvue d'un tambour octogonal percé de vingt-quatre fenêtres, garnies de claustras et de verres colorés. La somptueuse parure de cette dernière, consiste dans le magnifique revêtement en plâtre sculpté, présentant d'innombrables motifs, réalisés avec une remarquable virtuosité.


Mis à part le patio, une autre salle ne manque guère de retenir l’attention. Il s’agit de l’ancienne salle du trône. Cette pièce rectangulaire, rythmée de baies à vitraux, se distingue par la prédominance des ornements italianisants, parmi lesquels figurent les carreaux de céramique à dominante bleue et les colonnes en marbre blanc de Carrare, coiffées de chapiteaux néo-doriques. Le beau plafond peint trahit autant des influences italianisantes, qu’ottomanes. Sa partie centrale est agrémentée de rinceaux et des armoiries husseinites.

 


 

Gros plan sur la partie centrale du plafond peint de l'ancienne salle du trône.

Le décor foisonnant est agrémenté de rinceaux et des armoiries beylicales. (crédit photo : Zaher Kammoun)

 

Si l’ancien palais beylical de Carthage abrite, désormais, une institution, il est néanmoins nécessaire de veiller, continuellement, à l’entretien et à la restauration de ses décors. Prévoir un circuit culturel, pour faire connaitre ce remarquable monument chargé de mémoire, est d’une importance considérable.

 

 

Lien utile : Beit El Hikma

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