Le mausolée d’Atban, remarquable fleuron de l’architecture funéraire numide…
Publié le lundi 06 février 2017 lu 19541 foisPar Mohamed Khaled Hizem
Si la Tunisie possède, indéniablement, un admirable patrimoine architectural funéraire remontant à diverses époques, c'est sur le site archéologique de Dougga, classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1997, que se trouve un des plus remarquables monuments funéraires du pays, datant de l'antiquité. Dougga, localisée au nord-ouest, dans le gouvernorat de Béjà, est considérée par l’Unesco comme « la ville africo-romaine la mieux conservée de toute l'Afrique du Nord ».
Vue d'ensemble du mausolée d'Atban à Dougga.
(crédit photo : Mohamed El Golli)
Le superbe mausolée dédié au prince numide Atban, édifié au IIe siècle av. J-C, se caractérise par des influences architecturales et décoratives hellénistiques. Son aspect général rappelle, dans une certaine mesure, le mausolée d'Halicarnasse, une des sept merveilles du monde, qui a, de nos jours, presque entièrement disparu. Ce dernier, dont les rares vestiges sont situés près de la ville de Bodrum, au sud-ouest de l’actuelle Turquie, fut achevé aux alentours de 350 av. J-C.
D'une hauteur de vingt et un mètres, l’édifice, qui se caractérise par une verticalité marquée, se dresse sur un socle à cinq gradins. Il se compose de trois niveaux à sections dégressives. Le premier, comportant sur trois côtés des niches rectangulaires à fond plat, pourvues d’encadrements moulurés, à l’exception d’un seul côté percé d’une fenêtre médiane, renferme la chambre funéraire. Les angles sont embellis de pilastres coiffés de chapiteaux d’ordre éolien. Celui-ci, se distinguant par ses volutes, est originaire d’Asie mineure (Turquie).
Vue partielle du deuxième niveau. Celui-ci est décoré de colonnes engagées à fûts cannelés
et à chapiteaux ioniques. (crédit photo : Youssef Ben Saad)
Trois gradins assurent la transition entre le premier et le deuxième niveau, lequel est constitué d'une colonnade ayant la forme d'un temple. Les colonnes engagées à fûts cannelés, bordant chaque côté, sont surmontées de chapiteaux d'ordre ionique. Tels qu’ils se présentent actuellement, ces derniers sont, pour la plupart, mutilés. Au-dessus des chapiteaux, l’architrave supporte une gorge dont l’inspiration orientale, notamment égyptienne, est manifeste. Cette dernière supporte, à son tour, trois gradins qui permettent de raccorder le deuxième niveau au dernier étage.
Gros plan sur les bas-reliefs du troisième niveau, illustrant des personnages
conduisant des quadriges. (crédit photo Agnieszka Wolska)
Ce troisième niveau, dont les angles sont, à l’instar du niveau initial, agrémentés de pilastres à chapiteaux éoliens, est soigneusement orné de bas-reliefs, illustrant des personnages conduisant des quadriges. Ceux-ci représentent des chars à deux roues, attelés de quatre chevaux. L’ensemble se termine, gracieusement, par un couronnement pyramidal, flanqué de quatre griffons.
Si de nos jours, le monument ne présente guère d’inscriptions, ce ne fut nullement le cas à l’origine. Il est à souligner que sa précieuse inscription bilingue (numide et punique) fut arrachée, vers 1842, par le consul britannique à Tunis, Thomas Reade (1782-1849), afin de l’envoyer au British Museum de Londres, occasionnant d’énormes dégâts à l’imposant mausolée. Dans son ouvrage, intitulé "Dictionnaire des orientalistes de langue française" (éd. Karthala, 2008), l'anthropologue François Pouillon qualifia le consul de « vandale de Dougga ».
Pendant plusieurs décennies, les gravas et les morceaux de sculptures des deux-tiers supérieurs de l’édifice restèrent éparpillés sur le site. C’est grâce à l’intervention de l’archéologue français Louis Poinssot (1879-1967), que le mausolée fut, minutieusement, restauré de 1908 à 1910. L’archéologue et son équipe ont récupéré et répertorié tous les fragments et éléments dispersés, avant de procéder à la restitution des deuxième et troisième niveaux.
Gros plan sur la partie supérieure du mausolée. Celui-ci s'achève par un splendide
couronnement pyramidal. (crédit photo : Issam Barhoumi)
L’inestimable inscription, qui a permis de déchiffrer les caractères numides, se trouve toujours au British Museum. Outre sa rédaction en deux écritures distinctes, son caractère exceptionnel réside, également, dans les précisions importantes qu’elle fournit aussi bien sur l’ascendance du prince numide (fils de Iepmatah, fils de Palou), que sur les bâtisseurs et les artisans ayant réalisé son mausolée.
Bien que l’ensemble du site archéologique de Dougga recèle d’innombrables trésors, à l’instar de son magnifique Capitole, de son théâtre et de ses thermes, il ne faudrait guère manquer la visite de cette merveille, dont l’architecture majestueuse n’a comme unique équivalent, au Maghreb, que celle du mausolée de Bès à Sabratha (en Lybie), qui remonte, également, au IIe siècle av. J-C.
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