Une coupole de Tunis manifestant l’éclectisme décoratif de l’ère husseinite…

Publié le mercredi 22 mars 2017

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Par Mohamed Khaled Hizem

 

La médina de Tunis, classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979, regorge de remarquables monuments, traduisant un exquis syncrétisme architectural et ornemental. Celui-ci trouve sa plus belle expression sous la dynastie husseinite, qui régna sur la Tunisie de 1705 à 1957.

 

 

Vue partielle de la salle de prière de la mosquée Saheb Ettabaâ,

remarquable monument tunisois, construit de 1808 à 1814.

(crédit photo : Noomen Daoud)

 

Dans le quartier de Halfaouine, situé à la périphérie de la médina de Tunis, se dresse une somptueuse mosquée, qui présente, magnifiquement, un singulier mélange d’influences, tant orientales qu’occidentales, ayant atteint un raffinement inégalé sous le règne de Hammouda Pacha (1782-1814), considéré comme le plus illustre monarque de la lignée husseinite. Le monument, superbe édifice religieux, bâti de 1808 à 1814 par l'un de ses plus puissants ministres, youssef Saheb Ettabaâ, d'origine moldave, renferme de précieuses illustrations du style husseinite. Celui-ci, caractérisé par l'éclectisme, associe, avec une virtuosité saisissante, diverses influences, aussi bien ottomanes et arabo-andalouses, qu'italianisantes.

 

 

Gros plan sur la coupole du mihrab. Celle-ci, somptueusement décorée, illustre le syncrétisme harmonieux de diverses influences, notamment italiennes et arabo-andalouses. Ces dernières sont illustrées par le superbe couronnement en stalactites finement sculptées et dorées.

(crédit photo : Zaher Kammoun)

 

La coupole du mihrab est l'une des six coupoles couronnant la salle de prière hypostyle, qui possède des dizaines de colonnes, à fûts cannelés, réalisées en marbre blanc de Carrare. Elle s’élève au-dessus du carré né de l’intersection de la nef centrale et de la travée qui longe le mur méridional, appelé « mur de la qibla ». Marquant les quatre côtés de ce carré, des arcs moulurés, soutenant le tambour octogonal, sont enveloppés de marbre blanc de Carrare et soigneusement incrustés de losanges en marbres de couleur. Entre les arcs, quatre pendentifs sont entièrement revêtus de marbres polychromes (noir, rougeâtre et verdâtre).

 

Le tambour, couvert de marbre blanc, souligné de marbre noir, trahit, au niveau de ses reliefs délicatement sculptés, représentant des vases remplis de fleurs, une nette influence italianisante. Si la partie inférieure du tambour octogonal est agrémentée d’ornements sculptés, sa partie supérieure, que sépare un bandeau rythmé d’oves, est ceinturée de huit fenêtres rectangulaires. Cette dernière est surmontée non d’une calotte hémisphérique, mais d'un étagement pyramidal de rangées de stalactites, rehaussées de dorures. Celles-ci, d'inspiration arabo-andalouse, se distinguent par leur complexité et la finesse de leur exécution.

 

Sur le plan national, la mosquée Saheb Ettabaâ, joyau du patrimoine religieux tunisois, est classée monument historique depuis le 13 mars 1912.