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JCC 2017- 28ème édition : La Cinémathèque Tunisienne aux JCC

Publié le lundi 06 novembre 2017 lu 9821 fois
JCC 2017- 28ème édition  : La Cinémathèque Tunisienne aux JCC

JCC 2017- 28ème édition : La Cinémathèque Tunisienne aux JCC

Entretien avec Hichem Ben Ammar
Par Slim GOMRI

 

Nous avons rencontré pour vous Hichem Ben Ammar, Directeur de la cinémathèque tunisienne. Une précieuse occasion qui nous a permis d’évoquer l’historique de cette structure et de relater sa relance cette année.
Hichem Ben Ammar nous invite demain mardi 7 novembre au point presse prévu à 10H00 à l’hôtel Majestic qui sera suivi de la signature de la convention entre le Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI) et la Bibliothèque Nationale ; sans oublier la projection d’une sélection de cinq films cultes du cinéma africain à 13H00 au cinéma AFRICA, œuvres rares signées par des pionniers ou de grands auteurs au début de leur carrière.

 

Tourismag : Vous êtes chargé de la relance de la Cinémathèque Tunisienne, pouvez-vous nous relater l’historique de ce projet.
Hichem Ben Ammar : La cinémathèque est un vieux projet qui a enthousiasmé et mobilisé des générations de cinéastes et de cinéphiles tunisiens. Dès 1958, la Cinémathèque Tunisienne a eu des statuts propres.
C’était alors une association culturelle à but non lucratif qui entretenait des relations très étroites avec la Cinémathèque Française.
Sophie El Goulli en a été la fondatrice et la présidente pendant dix ans. Mais en 1968, faute de soutien, de législation et de ressources, la Cinémathèque Tunisienne a dû mettre la clef sous la porte.
Le projet a alors pris diverses formes. D’abord entre 1974 et 1980 en élisant domicile dans une petite salle de la rue d’Alger puis au Centre d’Art Vivant du Belvédère entre 1980 et 1988. Mais il lui a toujours manqué le socle juridique permettant à la Cinémathèque Tunisienne d’intégrer la Fédération Internationale des Archives du Films (FIAF) à travers laquelle peuvent se tisser des partenariats très fructueux et des échanges entre les 164 cinémathèques, de par le monde, constituées en réseau.


Tourismag : Qu’est-ce qui a empêché le projet d’aboutir pendant tout ce temps ?
Hichem Ben Ammar : L’absence de réelle volonté politique, avec cette façon bien à nous de faire les choses à moitié. Le projet était suspecté de porter en lui un potentiel subversif c’est pourquoi on ne lui jamais accordé les moyen de se développer de manière cohérente. Tous les ministres de la culture qui se sont succédés depuis 1980 ont annoncé le plus officiellement du monde la création d’une structure chargée de sauvegarder et de promouvoir la mémoire du 7ème Art. Mais aucun n’est parvenu à réaliser ce projet qui est devenu, de report en annulation, un rêve inaccessible.


Tourismag : Pourtant l’objectif est tout simplement patrimonial.

Hichem Ben Ammar : Oui, le but est de constituer à moyen terme une collection la plus exhaustive possible des films sans distinction de genre et de support qui concernent la Tunisie, sa culture, sa langue, son environnement, son histoire. La mise en ligne d’un catalogue de ces films ne pourra qu’inscrire les images tunisiennes ou sur la Tunisie dans le cadre de la connaissance universelle.
Or l’appropriation par un pays de sa mémoire audiovisuelle constitue un enjeu politique majeur. Aujourd’hui la création d’une cinémathèque correspond aux défis de la transition démocratique de notre pays.


Tourismag : Qu’est-ce qui fait que toutes les tentatives étaient vouées à l’échec ?
Hichem Ben Ammar : La question était abordée sous l’angle de la diffusion uniquement alors que le lien organique entre la conservation des films à des fins patrimoniales et leur projection à des fins didactiques n’a jamais été pris en considération. Les responsables ont tous réduit la cinémathèque à une salle programmant des classiques du cinéma. Ils n’ont jamais voulu se pencher sur la question fondamentale à savoir : comment obtenir ces films ?
Or la manière la moins onéreuse de les obtenir c’est de les collecter et de les conserver.

De la collecte à l’inventaire en passant par le catalogage, il y a tout un chemin avant d’arriver à la présentation publique des films.
C’est cette partie cachée de l’iceberg qui constitue la base du travail patient et méthodique d’une cinémathèque.
Et tout cela ne peut se faire en l’absence d’un dispositif juridique qui protège les ayants-droits.
La question du dépôt légal des œuvres distribuées et exploitées en Tunisie n’a jamais été posée et celle de la projection intégrale des films (selon les recommandations de la FIAF) s’est toujours heurtée à la censure.
Vous comprenez pourquoi ce projet a accumulé autant de retard.


Tourismag : Est-il possible de le rattraper aujourd’hui ?
Hichem Ben Ammar : En fait nous prenons le train en marche à l’heure où le cinéma connait une importante mutation. Le passage de l’argentique au numérique fait que la restauration des films se fait non plus par des transferts et des tirages de copies sur pellicule mais par la technologie du scanner et de la numérisation.
Nous sommes contraints d’entrer de plain pied dans cette nouvelle ère en ayant sauté une étape. Pour scanner des films il est nécessaire de partir des négatifs et des originaux.
Cependant de nombreux films tunisiens ont vus leurs négatifs saisis par des laboratoires à l’étranger à cause de litiges financiers. Il va falloir prendre le temps de négocier le rapatriement de ces films dispersés entre la France, l’Italie et l’Espagne. C’est un travail de longue haleine et nous n’avons pas de baguette magique. Nous sommes également conscients que nous n’aurons jamais assez de moyens financiers pour le faire d’un seul coup. Il va falloir beaucoup de persévérance. L’essentiel est d’avoir les outils juridiques pour pouvoir l’entreprendre.


Tourismag : Aurez-vous ces outils à votre portée ?
Hichem Ben Ammar : Nous avons commencé par placer le socle en inscrivant la Cinémathèque Tunisienne dans l’organigramme du Centre National du Cinéma et de l’Image. Cela nous donne un vrai coup d’accélérateur puisque cela nous confère d’ores et déjà une existence dans le concert des cinémathèques du monde, nous ouvrant ainsi des perspectives très prometteuses.
Par ailleurs la synergie que nous sommes en train d’instaurer, à l’échelle locale, entre des institutions concernées par la conservation et la diffusion culturelle comme la Bibliothèque Nationale et les Archives Nationale ne pourra que consolider les assises du projet dont la visibilité sera garantie par le prestige de la Cité de la Culture. Cette complémentarité entre les institutions sera notre force. Vouée à être pérenne la cinémathèque pourra réaliser son plan d’action selon des prévisions réalistes.


Tourismag : C’est dans ce sens que sera signé un accord de partenariat avec la Bibliothèque nationale ?
Hichem Ben Ammar :
La signature du protocole d’accord entre le CNCI et la Bibliothèque Nationale est attendue depuis longtemps ce n’est surtout pas un effet d’annonce à l’occasion des Journées Cinématographiques de Carthage.
C’est pour nous un tournant historique, une étape cruciale de la concrétisation du projet.

Propos recueillis par Slim GOMRI 
Crédit photo : A. Boussoffara
 

 

 

Programme cinémathèque JCC 2017

Au cinéma AFRICA, 13H00
UNE SELECTION DE COURTS METRAGES RESTAURES
La présentation de cinq films cultes du cinéma africain. Œuvres rares signées par des pionniers ou de grands auteurs au début de leur carrière.

BOROM SARRET de Ousmane Sembène – Sénégal – 1963 – NB – 18’ – FICTION
Le quotidien d'un charretier ordinaire dans les rues de Dakar. C’est l'un des premiers exemples d'un cinéma militant dénonçant la société africaine. Réalisé avec très peu de moyens et des acteurs non professionnels, ce premier film de Ousmane Sembène fait figure de classique du cinéma d'Afrique noire. Il a été restauré et numérisé par la Cinémathèque de Bologne, dans le cadre des projets de la World Cinema Foundation de Martin Scorsese.

LAMB de Paulin Soumanou Vieyra – Sénégal – 1963 – COUL – 18’ – DOC
La lutte traditionnelle se dénomme Lamb en wolof. Elle rappelle la lutte gréco-romaine avec des règles particulières et très strictes. Restauré en 2014 par la Cinémathèque Afrique de l’Institut Français, l’OIF et les laboratoires Éclair Group, Lamb, sélectionné à Cannes en 1964, y a été projeté cinquante ans plus tard, en 2014, au Pavillon des Cinémas du Monde.

LE PAYSAN ELOQUENT de Shady Abdessalam – Egypte – 1970 – COUL – 20’ – FICTION
Le film raconte l'histoire d'un paysan qui se fait voler ses biens en se rendant à la bourgade la plus proche. Invoquant la justice, il s'adresse au pharaon dans une langue pure et idéale mais le pharaon fait la sourde oreille. Ce film a été restauré et numérisé par la Cinémathèque de Bologne dans le cadre des projets de la World Cinema Foundation de Martin Scorsese.

SEUILS INTERDITS de Ridha El Behi – Tunisie – 1972 – 35’ – NB – FICTION À travers le portrait d’un vendeur de cartes postales, le film constate la frustration sexuelle dont souffrent les jeunes tunisiens, à Kairouan, première ville de l'Islam en Afrique. Il s’agit du tout premier film de Ridha El Behi que la Cinémathèque Tunisienne numérise et restaure, à l’occasion des JCC 2017, grâce à l'aimable concours de la Cinémathèque Portugaise.
LES ECUELLES de Idrissa Ouedraogo – Burkina Faso – 1983 – 11’ – COUL – DOC
Dans un village mossi au Burkina Fasso, deux vieillards fabriquent les écuelles traditionnelles en bois utilisées pour les besoins de la vie quotidienne. Ce travail pénible et minutieux est délaissé par les jeunes qui semblent avoir déserté le village. Ce documentaire qui suit toutes les étapes de fabrication des écuelles, a été restauré à la demande de la Cinémathèque Tunisienne, grâce à l'aimable contribution les laboratoires Eclair, à l’occasion des JCC 2017.

 

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