Maghreb : la crainte de la révolution tunisienne est-elle justifiée ?
Publié le vendredi 21 janvier 2011 lu 554 fois
Alors que le 2e Sommet Économique et Social Arabe vient de se clôturer, une vague de suicides par le feu installe la crainte d’une contagion de la crise tunisienne au Maghreb. Une bombe à retardement guette-t-elle de nouveau les pros ?
Certains ont pu être sauvés à temps, au Caire notamment, mais d’autres, comme ce jeune chômeur d’Alexandrie par exemple, ont tout de même péri dans les flammes.
Et la Mauritanie est également touchée par cette vague de contestation suicidaire !
C’est dans ce contexte dramatique que s’est ouvert hier le second Sommet Économique et Social Arabe, avec la révolution tunisienne en invitée vedette.
Redoutant une contagion générale, le secrétaire Général de la Ligue Arabe, M. Amr Moussa, n’a pas mâché ses mots pour décrire l’état psychologique des populations.
« La révolution n’est pas loin de nous ! » a-t-il lancé en guise d’introduction, avant d’enfoncer fermement le clou : « Les citoyens arabes sont dans un état d’exaspération et de frustration que nous n’avons jamais connu».
Et pour Amr Moussa, le mal est très profond : « L’âme arabe est détruite par la pauvreté, le chômage et la récession. »
Les craintes de Amr Moussa sont également celles de Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien qui déclarait dimanche dernier, lors de la réunion hebdomadaire de son gouvernement.
« Au proche-Orient, plusieurs foyers se sont déjà enflammés, et ces événements nous obligent à prendre des mesures stables et concrètes pour assurer la sécurité du pays. »
Parmi les pays les plus concernés, l’Egypte semble le plus alarmant.
« Dans les deux cas, également, un autoritarisme justifié par la lutte contre l’islamisme et un quasi-monopole du parti présidentiel sur le Parlement. »
Toutefois, il souligne aussitôt des différences structurelles entre les deux pays. L’absence de classe moyenne et de syndicats aussi puissants qu’en Tunisie ; une classe dirigeante plus étendue et moins isolée…
« Et puis, l’armée est plus proche du pouvoir, mieux préparée aux actions de contre-insurrections. Le gouvernement enfin, a su réagir à temps sur les salaires et sur les prix pour empêcher que certaines revendications ne deviennent vraiment politiques. »
« M. Moubarak n’a toujours pas dévoilé ses intentions et pourrait se représenter. » Or des rumeurs placent déjà son fils comme successeur potentiel.
« Les partis d’opposition dénoncent déjà cette conception dynastique du pouvoir. Un tel scénario pourrait sans doute raviver les tensions et menacer la stabilité du régime. »
À l’égard de la Jordanie, où les manifestations se poursuivent malgré les mesures sociales adoptées par le Roi, ou du Yemen, pays trop divisé et trop pauvre, déjà en conflit civil, Jérémie Lopez estime que les différences sont assez notables pour éloigner ces pays du scénario tunisien.
« Si ces Etats présentent des dénominateurs communs, » prévient pourtant Bérengère Grimoud, également chez Géos, mais spécialiste du Maghreb.
« Il ne faut pas céder au sensationnalisme et croire la révolte tunisienne exportable à souhait. Elle n’engendrera pas de modification profonde dans le paysage politique des pays voisins. »
Pour Bérengère Grimoud, l’histoire et le type de gouvernance, propres à chacun des Etats de la région, empêcheront la propagation contestataire.
« A titre d’exemple, » précise-t-elle, « un retour de l’islamisme en Tunisie ne pourrait franchir la frontière algérienne, tout comme cette Révolution du jasmin n’y est pas directement et immédiatement exportable. »
Comme en Égypte, les ingrédients d’une révolte sont bien là, « Mais la faiblesse des syndicats, » souligne Bérengère Grimoud, « celle de la classe moyenne et de la société civile font que les Algériens ne présentent pas encore d’assises suffisamment fortes pour porter une alternative politique et sociale ».
« De plus, M. Ben Ali a été pris de cours à la fois par la rapidité et la virulence de la mobilisation du peuple tunisien ; cet effet de surprise ne jouera plus dans les pays du Moyen-Orient, » suggère Jérémie Gomez.
« Les états ont déjà pris des dispositions préventives et annoncé des mesures en faveur de l’emploi et de la lutte contre la pauvreté. »
Reste à savoir cependant comment la Tunisie peut évoluer. Tout dépend au premier chef du processus politique de transition et de la manière dont il sera géré.
« Si, comme l’indique la Constitution, les nouvelles élections interviennent dans les 2 mois, la voie de la démocratie risque d’être minée, » redoute Bérengère qui rappelle que : « Bâtir une assise politique et démocratique dans l’urgence est toujours un défi qui présente des travers. »
Tout se jouera pourtant dans la capacité des politiques à intégrer les islamistes dans le jeu politique : « Le retour de leurs leaders, comme Abdallah Djaballah, a de facto stimulé leur activité en face d’un front démocrate divisé. » assure Bérengère Grimoud.
Elle ajoute au passage que « Le mouvement aurait d’ailleurs pris le contrôle de nombreuses mosquées, tandis que la frilosité des partis adverses et des anciens généraux à s’engager et à définir leur chef pourrait laisser une marge de manœuvre décisive à En Nahda. »
Si risque il y a, précise-t-elle, « La révolte tunisienne est aussi une quête de la liberté politique et religieuse. »u
De plus, l’armée ayant eu un rôle clef dans le soulèvement, elle n’en sera que plus déterminante à l’avenir.
« C’est d’ailleurs une variable intemporelle commune à l’ensemble des pays du monde arabe, et notamment à l’Algérie, » conclue-t-elle, un brin désabusée.
Une chose est sûre pourtant, le monde arabe tout entier a pris conscience de sa fragilité, et c’est la Tunisie qui lui a ouvert les yeux.
source: TourMag
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