Aujourd'hui au Maroc, on rencontre trois types de personnages. Prenons d'abord les inquiets, à l'image de François Laustriat, le directeur général du Relais&Châteaux l'Heure Bleue d'Essaouira.

« Nous n'avons pas de réservations pour le mois de mai et juin » déplore-t-il. « Notre taux d'occupation stagne à 30% ».

D'autres au contraire sont optimistes, comme directeur du nouveau Sofitel Mogador, Daniel Karbownik. Son établissement a ouvert ses portes en mars dernier et il ne compte pas changer ses tarifs ni baisser son objectif de taux d'occupation, établit à 50% pour la première année.

«Nous avons ressenti une légère diminution de la demande, mais rien de dramatique. De toute façon les voyageurs s'habituent à tout... » lâche cet ancien du Club Med.

Enfin, on retrouve les pragmatiques, incarnés par la directrice de l'office du tourisme en France, Salima Haddour. Interrogée sur l'impact des attentats de Marrakech, la directrice refuse de revenir sur ce douloureux souvenir.

« Nous voulons aller de l'avant, faire passer des messages positifs pour donner envie aux voyageurs de venir » clame-t-elle.

Si aucun plan de relance n'est pour l'instant programmé, la campagne de communication devrait être réorientée, avec la mise en avant des packages TO sur Marrakech et Agadir ainsi que la multiplication des éductours et des forces de vente.

En effet, le Maroc poursuit toujours les objectifs de son grand programme de développement touristique : le plan Azur, qui visait les 10 millions de touristes pour 2010. L'ouverture du Sofitel Mogador constitue un pas de plus dans cette direction.

L'hôtel a nécessité un investissement de 80 millions d'euros pour construire et décorer 147 chambres et 28 suites villas, deux piscines, ainsi qu'un spa de 1400 m². Juste à coté, un golf de 36 trous a été dessiné par le célèbre Gary Player.

L'établissement se destine aux familles, mais également aux voyageurs d'affaires, une clientèle au départ estimée à 20%. Mais devant l'engouement des séminaires et des groupes, la direction a revu ses chiffres à la hausse et s'attend désormais à recevoir 45% de MICE.

« C'est un véritable potentiel pour la ville » assure Daniel Karbownik. En effet, Essaouira ne veut plus être simplement considérée comme la plage de Marrakech et souhaite devenir une destination à part entière.

Pour se faire, la desserte aérienne devra être étoffée. On compte aujourd'hui deux vols directs avec Royal Air Maroc, le jeudi et le dimanche. Un troisième vol mis en place durant les vacances d'avril avait obtenu de très bons résultats.

Un rythme difficile à tenir pour la compagnie qui manque d'avions. « Nous attendons l'arrivée de nouveaux appareils pour développer de ces lignes » assure Yahia Elmekki, responsable du réseau affaires et incentive de la RAM.

Cependant, les derniers évènements politiques sont peut-être venus bouleverser la donne. Si l'office du tourisme annonce un nombre de voyageurs en progression 5 à 6% jusqu'en avril dernier, les professionnels ne sont pas tous du même avis.

On parle de 10%, 30% voire même 50% de baisse pour certains acteurs. La saison estivale semble donc compromise. Mais tous espèrent une belle reprise dès le mois de septembre.

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